Des nouvelles des cousins japonais

La famille Kunito est installée au Japon depuis 25 ans. Marie-Alix Fournier (FERREO, XIV) a en effet épousé en juillet 1983, Hideji Kunito, natif d’Osaka., architecte de formation, mais formidable « touche à tout » . Il, a pu continuer son activité d’import-export, ce qui lui permet de voyager en Europe plusieurs fois par an et ainsi de bien comprendre la mentalité européenne.
Les 5 enfants de Marie-Alix et Hideji ont maintenant entre 15 et 24 ans… partagés entre deux cultures éloignées.

Famille Dinechin Franco-Japonaise

Chers cousins,
Dans le No8 du Pont de l’année 2002, je vous donnais mes impressions sur le Japon. J’y habitais depuis 19 ans… Depuis, 8 années ont passé. L’année 2010 s’avère riche en changements pour mes 5 enfants, ce qui me procure l’occasion de vous donner des nouvelles.,

Sébastien-Tetsuya, 24 ans, après une adolescence très agitée et qui n’en finissait pas, semble enfin avoir trouvé son équilibre. Il a terminé son école de marine en septembre dernier, et après une formation à terre de quelques mois, s’est s’embarqué le 25 janvier sur un pétrolier géant. Il sera l’un des 4 officiers mécaniciens à bord de ce bateau de 160 000 tonnes et de 330m long !!!. Direction: L’Arabie Saoudite. Il ne reviendra pas à la maison pendant 3 mois, peut-être plus. Pourvu qu’il ne prenne pas trop souvent la route maritime qui passe au large de la Somalie, repère de pirates !       

Nicolas-Tomoya, 22 ans, va terminer sa faculté de langues en mars 2010….sans aucun espoir de trouver rapidement du travail. La crise économique étant aussi profonde, si ce n’est plus, au Japon qu’ailleurs. Il faut ajouter à cela que notre Nicolas, pendant ses 4 années d’université, s’est plus intéressé aux activités de son club universitaire de motos et de voitures, dont il était le responsable l’an dernier, qu’à ses études !!! Il lui faut maintenant mûrir et prendre du recul pour pouvoir réfléchir sérieusement à ce qu’il veut faire dans la vie. L’idée que nous lui avons donnée de partir pendant quelque temps à l’étranger est en train de faire son chemin. Il reste à savoir : où ? Comment ? Et dans quel cadre ? Si vous avez de bonnes idées à nous donner à ce sujet, elles seront les bienvenues.  

Amélie-Miwako, 20 ans, en 2ème année de français dans une université de langues à Kyoto est dans un foyer d’étudiantes où elle se plait car elle s’y est fait beaucoup d’amies. Elle envisage de partir en automne prochain à Lyon, pour faire une année universitaire à « La Catho » qui est jumelée avec son université. Nous souhaitons bien sûr de tout coeur qu’Amélie, qui a déjà passé une année scolaire dans un lycée en France, puisse y retourner cette année, et même y prolonger ses études, car nous pensons que notre fille s’épanouira davantage en France qu’au Japon. Son année française l’a vraiment marquée. Depuis son retour, elle trouve l’univers des jeunes de son âge un peu trop étroit pour elle (n’oublions pas que le Japon est une île, assez peu ouverte sur l’extérieur).

 

Famille Franco-Japonaise 2

Antoine-Hideya, 18 ans, essaie d’intégrer une bonne université d’état (la 2ème du Japon), mais les places y sont extrêmement chères ! Il aimerait faire des études pour devenir membre d’une organisation internationale. Le système éducatif japonais, très sélectif, laisse bien peu de place à la liberté de choix, ce qui est source d’angoisse pour les enfants comme pour les parents. En effet :
– pour devenir étudiant, il faut absolument passer le concours d’entrée de l’université dans laquelle on veut aller,
– chaque université a son propre examen, qui peut être tout à fait différent d’une université à l’autre, ce qui complique beaucoup.
– on ne peut tenter sa chance que dans 2 universités d’état (publiques).Tous les lycéens aimeraient y entrer car elles sont beaucoup moins chères que le secteur privé. Or ces universités sont peu nombreuses et les places y sont limitées. Pour avoir une chance de réussir, la plupart des élèves vont dans des « djoukous » – écoles d’entraînements aux examens ou aux concours – en dehors des heures d’école, ce qui ne leur laisse pratiquement pas de temps pour la détente.
– si l’on échoue aux concours des universités publiques, on est obligé de se « rabattre » sur une université privée (il y en a beaucoup et de tous les niveaux), à moins de se présenter à nouveau l’année suivante en candidat libre – ce qui veut dire un an de travail à la maison car au Japon, le redoublement n’existe pas. Vraiment, les Francais ne connaissent pas leur chance !

Martin-Mitsuya , juste 15 ans, a été très heureux de retrouver le cocon familial en avril dernier, après 7 mois passés en France. Logé chez des amis, il a suivi les cours de 4ème dans un collège, de septembre à mars, pour apprendre le francais Ce fut pour lui une expérience plutôt pénible car il était très jeune (et en plus « petit dernier »), mais vraiment bénéfique. Sans parler de ses progrès en francais, cela lui a ouvert l’esprit et il est beaucoup plus motivé qu’avant dans ses études. Il aimerait, lui, intégrer un bon lycée public. Il y en a justement un tout près de chez nous, où son grand-père japonais a fait ses études. S’il rate son concours, il sera obligé d’aller dans un lycée privé, plus cher et aussi beaucoup plus loin de la maison….Alors, il me faudra comme lui me lever bien tôt et lui préparer sa boîte « repas de midi à emporter », soit dit en japonais, son « bento ». A 56 ans, j’aimerais bien prendre ma retraite des bento…cela fait maintenant 17 ans que j’en prépare !…

Voilà, chère famille, ce que deviennent les cousins japonais dans leur île lointaine… D’où ils ne perdent pas de vue la France.

Et si l’un de vous passait près d’Osaka, qu’il n’hésite pas à téléphoner au 072 431 09 00. Nous serons ravis de l’initier aux mystères de ce pays si fascinant mais si déroutant qu’est le Japon.

Sayonara ! (lire : sa-yo-na-la)